Publié par Lucie Pehlivanian
D’origine psychologique ? »
Les troubles de la vigueur concernent un tiers des hommes de plus de 40 ans. La rédaction Santé, avec l’aide du Pr Pierre Costa, andrologue et sexologue, balaye les préjugés sur le sujet.
Un homme qui n’a pas d’érection, n’a pas de désir pour sa partenaire
Il est vrai qu’un homme qui a une érection face à sa partenaire la désire. Mais l’absence d’érection ne veut pas forcément dire qu’il ne l’aime ou ne la désire pas!
« Cette idée est fausse dans beaucoup de cas. Les hommes ont une sexualité fragile. Ils possèdent dans leur moelle épinière un centre nerveux qui freine l’érection. Si le cerveau ne lève pas ce frein, il ne peut pas y avoir d’érection. Si l’homme ressent un danger durant un rapport, que ce soit un vrai danger ou juste un stress, le cerveau remet le frein et l’érection cesse. Ce qui veut dire qu’un homme qui a peur de décevoir sa partenaire par exemple, n’aura pas d’érection, même s’il la désire », explique le Pr Pierre Costa, andrologue.
Les troubles de l’érection sont d’origine psychologique
« Pas de désir ?
© ra2 studio – Fotolia Les causes de ces troubles sont souvent psychologiques et physiques à la fois.
Soucis d’argent, disputes, pression professionnelle… autant de causes possibles aux troubles de la vigueur. S’il est vrai que ces troubles sont dans deux tiers des cas d’origine psychologique, les causes physiques (dites « organiques ») existent également.
« Dans un tiers des cas, le trouble possède à la fois des origines psychologiques et physiques. Les causes mixtes sont par exemple présentes chez les personnes atteintes de pathologies cardiovasculaires. Et dans 10 % des cas environ, l’insuffisance érectile est uniquement physique. Il s’agit des patients opérés de la prostate à qui le chirurgien a sectionné le nerf de l’érection, ou des personnes souffrant d’un diabète avancé », souligne le Pr Pierre Costa, andrologue.
Les troubles de l’érection concernent les plus de 50 ans
« Un problème de quinqua ?
On pense souvent à tort que les problèmes d’érection ne concernent que les retraités. Mais l’âge n’est qu’un facteur de risque parmi d’autres de survenue de ces troubles.
« Avec l’âge, le désir est souvent moins fort, le taux de testostérone baisse et les maladies sont plus fréquentes, ce qui peut entraîner des troubles de l’érection. Toutefois, ceux-ci existent aussi chez les jeunes. Environ 5 % des hommes de moins de 40 ans en ont, contre 50 % des plus de 70 ans », explique le Pr Pierre Costa, andrologue.
L’absence d’érection matinale est le signe d’une dysfonction érectile
« Absence d’érection matinale
© WavebreakMediaMicro – Fotolia L’érection matinale apparaît durant un cycle particulier du sommeil.
Un matin, votre partenaire se réveille sans érection et s’en inquiète. Est-ce le signe d’un trouble érectile ?
« Pour la plupart des hommes, non, répond le Pr Pierre Costa, andrologue. L’érection matinale est en fait liée au sommeil paradoxal. Si l’homme se réveille alors qu’il ne se trouve pas dans cette phase, il n’aura pas d’érection. »
Toutefois, ces érections sont aussi stimulées par des hormones masculines. Ces hormones peuvent être en baisse, en raison de maladies telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou avec l’âge. Cette baisse peut donc être à l’origine de « pannes ».
C’est la pilule qui est à l’origine de son érection, pas moi
Cette idée, répandue chez les femmes dont le partenaire prend un médicament contre les troubles érectiles (IPDE5), peut être à l’origine d’une hostilité vis-à-vis du traitement. Or, cette crainte est infondée. Si un homme prend un médicament, sa partenaire sera tout de même à l’origine de son érection.
« Les médicaments ne jouent pas sur le désir, sur l’envie de faire l’amour. Et le désir est indispensable à l’apparition de l’érection. Sans lui, l’efficacité du médicament est nulle », rassure le Pr Pierre Costa, andrologue.
Un homme qui n’a pas d’érection est impuissant
« Qui provoque l’érection ?
Traitement = Viagra »
On dit d’un homme qui ne peut pas avoir d’érection qu’il est impuissant. Ce terme historique n’a toutefois aucune signification médicale. En effet,un homme qui souffre d’éjaculation précoce peut, lui aussi, se sentir « impuissant ».
En plus, les troubles de l’érection peuvent être passagers ou partiels. Ils peuvent renvoyer à une difficulté à conserver une érection qui s’installe normalement au départ, alors que le terme « impuissance » fait plutôt écho à une incapacité totale et définitive à avoir une érection.
Le traitement contre ces troubles s’appelle le Viagra
« Impuissant ?
Des rapports programmés ? »
Aujourd’hui, il existe trois substances contre ces troubles, appelées IPDE5. Elles ont des durées d’action variables : celle du citrate de sildénafil (Viagra®) est de 14 à 18 heures, alors que celle du tadalafil (Cialis®) peut aller jusqu’à deux jours. Le vardénafil (Levitra®) est un intermédiaire entre les deux précédents, son effet dure environ une journée.
« Le traitement peut être adapté à la vie intime du patient, en étant efficace un soir seulement ou tout un week-end. De plus, le vardénafil est commercialisé sous forme orodispersible. Cette présentation permet une prise simple et discrète qui peut être préférée par certains hommes Le tadalafil peut aussi être pris tous les jours, à plus faible dose, comme pour traiter une hypertension artérielle ou un cholestérol trop élevé, pour ceux qui préfèrent éloigner l’activité sexuelle de toute prise de médicament. Il faut aussi rappeler que les IPDE5 peuvent faire effet plus ou moins rapidement selon les patients, avec une réponse allant de vingt minutes à trois heures après la prise », explique le Pr Pierre Costa, andrologue.
Ces médicaments ôtent toute spontanéité à la vie sexuelle
« Traitement = Viagra
Des pannes dues à une maladie ? »
Avec l’apparition des comprimés contre les pannes sexuelles, une idée reçue s’est développée : celle qu’ils contraindraient les couples à programmer leurs rapports sexuels, en dénaturant leur vie intime. C’est faux !
« L’homme reste maître de sa vie sexuelle, il prend une pilule parce qu’il a envie de faire l’amour. La spontanéité est complète », affirme le Pr Pierre Costa, andrologue.
Les « pannes » sont dues à une maladie ou à un médicament
« Des rapports programmés ?
Erection mécanique ? »
Si les troubles de la vigueur peuvent effectivement découler d’une pathologie ou d’un traitement (antidépresseurs notamment), ils ont de nombreuses autres causes possibles.
Les médicaments contre les troubles érectiles provoquent une érection mécanique
« Des pannes dues à une maladie ?
© Yuri Arcurs-Fotolia Les médicaments contre les troubles de la vigueur ne sont pas des aphrodisiaques.
Une pilule bleue = une érection ? Pas du tout ! Les médicaments contre les troubles de l’érection n’apportent pas automatiquement une érection au bout de quelques minutes.
Premièrement, si l’érection est physiquement impossible, elle n’aura jamais lieu, même avec un médicament. C’est le cas lorsqu’un nerf est sectionné après une prostatectomie par exemple. D’autre part, les IPDE5 n’apporte pas une érection dans 100 % des cas, ils comportent une part d’échec. Enfin, le désir est indispensable. « Ces substances ne fonctionnent pas sans désir. Si l’homme n’a pas envie de faire l’amour, elles n’ont aucun impact », explique le Pr Pierre Costa, andrologue.
« Cette idée est fausse dans beaucoup de cas. Les hommes ont une sexualité fragile. Ils possèdent dans leur moelle épinière un centre nerveux qui freine l’érection. Si le cerveau ne lève pas ce frein, il ne peut pas y avoir d’érection. Si l’homme ressent un danger durant un rapport, que ce soit un vrai danger ou juste un stress, le cerveau remet le frein et l’érection cesse. Ce qui veut dire qu’un homme qui a peur de décevoir sa partenaire par exemple, n’aura pas d’érection, même s’il la désire », explique le Pr Pierre Costa, andrologue.